Pour paraphraser Léonard de Vinci, l’inégalité est la cause de tout mouvement local. Il n’est point de repos sans égalité, fin de citation.

Ne faudrait-il pas finalement négocier avec le Créateur le choix aux pieds noirs de décider de leurs pays de naissance ? L’interrogation émane de Mamadou, un cinquantenaire originaire du village TabiTaba situé à quelques encablures de la préfecture de Zoti mato au pays de Zumba- Zimba.

Un village qui s’est vidé progressivement de ses bras valides, une jeunesse désemparée, désorientée, malgré les discours fallacieux à des fins électoralistes des tocards en costard.

Des greniers sont entièrement épuisés, la sécheresse sévit depuis quelques années, mettant en émoi les habitants déjà désabusés par les politiques. S’assurer les 3 principaux repas quotidiens demeure une mission quasi impossible, une situation insoutenable qui a failli pousser le sieur Mamadou, père de famille dans la dépression. Comment comprendre l’inertie, la méchanceté et le manque de volonté de ces dirigeants Zombis qui maintiennent des populations dans une misère hors norme.

La réponse est sans doute ailleurs, à l’image de tous ses sous-sols Africains regorgeant de l’Or, diamant, pétroles, mais sur la terre ferme c’est la misère, des maladies qui sévissent. Dans certains endroits, les femmes accouchent dans des conditions extrêmement dangereuses, des structures hospitalières qui ne sont en réalité que des mouroirs.  Manque de matériels, locaux vétustes, services saturés, les malades doivent régulièrement s’asseoir à même le sol avant d’être pris en charge au service des urgences. Un paradoxe bien normal aux pays des Alléluia Amen, heureux les pauvres car le royaume de cieux vous appartient.

Une vraie escroquerie réfléchie et planifiée d’un temps lointain, mais qui a tout de même maintenu jusqu’à nos jours les Africains dans une sorte de léthargie du sommeil éternel. Que pouvait faire Mamadou face à une telle situation, des enfants n’ayant plus suffisamment de quoi se nourrir correctement, abandonnent l’école, même les instituteurs du village ont déserté les salles de classes, c’était un véritable désastre.

 

Devant un tel poids socialement dramatique, Mamadou décide de partir loin mais en même temps, se devait trouver une solution pour sa famille. Nous sommes tous témoins du nombre incalculable de nos frères, sœurs sombrés tous les jours dans la méditerranée sans qu’il n’y ait un sursaut d’éveil de conscience de nos incorrigibles dinosaures du continent.

Aussi paradoxalement que cela puisse paraitre, et comme par enchantement d’ailleurs, ils viennent se pavaner sur les champs Elysées en solidarité avec nos voisins frappés par la barbarie des fanatiques et abrutis religieux. Le crépuscule tombait sur Tabi Taba, quelques rares âmes s’affairaient autour du feu sous le baobab mythique enraciné depuis des millénaires au milieu du village. Une place de prédilection qui jadis, rassemblait toute génération confondue pour conter des histoires, traiter des sujets de la vie quotidienne, danser et fêter. C’est à ce moment-là qu’a choisi Mamadou pour partager son projet de voyage et recueillir des conseils de ses pairs. Dans un calme olympien ce soir-là, Mamadou étale son projet dans un récit glaçant, l’atmosphère était lourd, l’on pouvait entendre en sourdine le crépitement des fagots de bois brulés pour la circonstance. Le temps était grave, l’assise broyait du noir comme si tout à coup, ce bel ciel étoilé était couvert des ténèbres abysses.

Pour avoir été le porte-voix, médiateur et défenseur de sa communauté, Mamadou était considéré et respecté par les siens comme étant le dernier rempart de ce qui reste de personnes ressources du village.

Par la puissance et l’extension de l’autoroute de l’information, Amélie, la fille ainée de la fratrie partie se chercher dans une ville avoisinante, a pu écrire un projet en s’inspirant de la situation non seulement de son père Mamadou mais aussi de l’ensemble du village, et l’avait posté à l’une de ses amies d’enfance vivant en Europe. Grace à cette dernière, un travail de vulgarisation et de sensibilisation sur le net a été effectué, des associations humanitaires, des personnes de bonne volonté se sont mises ensemble pour aller faire l’état des lieux et apporter de l’aide, faire des forages, apporter des engrains, l’installation de panneaux solaires etc…

L’implication accrue des villageois au de-là de l’aide extérieure dans la reconstruction de Tabi Taba a suscité l’admiration des jeunes exilés qui finalement et de façon progressive ont regagné leur village et investir dans l’agro-alimentaire et activités génératrices de revenus.

 

Nous avons chacun une histoire ou situation similaire aux pays et l’insoutenable a conduit plus d’un à fouler la terre Européenne même si par moment l’illusion a énormément gagné les esprits. Quel rôle peuvent encore jouer les frères et sœurs de la diaspora pour éviter de tels chaos ? Même s’il n’est pas toujours évident de satisfaire les gens restés au pays qui se montrent parfois ingrats, escrocs et stupides. Il nous appartient maintenant de réfléchir à des initiatives de développement pour apporter notre aide et savoir-faire endogène dans la création de l’emploi, favoriser l’éducation des enfants, l’autosuffisance alimentaire et réduire la pauvreté.

Aide toi et le ciel t’aidera selon l’adage, oui posons-nous la bonne et intelligible question : que puis-je faire moi-même à mon niveau pour soulager quelqu’un au village ou pays, et non attendre du pouvoir en place. Il est possible de relever ce défi à condition que l’Africain de la diaspora comprenne son paradigme et agisse en conséquence en s’affranchissant de tous les artifices inutiles.

Sourou Adada Hazoume